Mardi 4 mars.
Ce matin je quitte la Gironde, pour entamer l'ultime partie de cette randonnée, c'est sous un ciel encore gris et quelques dernières gouttes que je rejoins l'embarcadère de la Pointe de Grave pour le bac de 9h30. Quelques véhicules sont déjà à bord, d'autres arrivent encore ainsi que des passagers piétons.
En me promenant dans le bateau de Transgironde, financé par le Conseil Général, je remarque quelques affiches vantant l'attrait touristique du département, dont une, pas très récente, de la gabare «Deux Frères» au temps où elle était encore propriété de notre association «Chacun sa Mer».
Traversée plutôt calme, avec très peu de houle, on croise quelques cargos qui font route vers le large et on aperçoit au loin Cordouan, le plus beau phare de France et peut être du monde, qui a 400 ans.
Côté Charente-Maritime, c'est le soleil qui nous accueille, parfait pour reprendre la route dans les rues de Royan...
...apercevant une station de bus je constate qu'il y en a un qui passe dans moins d'une heure, allant jusqu'à Terre Nègre à la sortie de St-Palais, je n'hésite pas car traverser Royan, Vaux-sur-Mer et St-Palais pas les rues ne me tente guère, en attendant je fais un tour sur le port et les arcades.
En ¼ heure de bus, je suis tout près du petit phare de Terre Nègre et entame la suite de la rando le long de la côte découpée, avec ses carrelets traditionnels pour la pêche, avant de descendre sur la plage de la Grande Côte qui mène à La Palmyre.
Superbe plage marquée par la présence de nombreux blockhaus, qui protégeaient la poche de Royan et l'entrée de l'estuaire de la Gironde durant la seconde guerre mondiale, Bordeaux étant une des principales bases de sous-mariniers allemands, les sous-marins remontaient par la Gironde, en 1945 la ville de Royan fut bombardée et presque totalement en ruines.
Les blockhaus ici comme à d'autres endroits, servent de support aux tagueurs pour donner libre cours à leur inspiration, textes, dessins, ou simplement de la couleur sur les murs en décomposition qui donne des tableaux abstraits.
La plage a connu les méfaits des dernières tempêtes qui ont rongé la dune en lisière de la forêt, dont les premiers arbres n'ont pas résisté.
J'ai pensé à tort que La Palmyre connaitrait une certaine activité, même en cette saison, avec l'ouverture du zoo qui attire de nombreux visiteurs.
Moi qui n'ai pas rencontré beaucoup d'animaux durant ma randonnée, si ce n'est les mouettes, j'ai plaisir à contempler les magnifiques flamants roses dont le bassin est juste à l'entrée du parc, un peu loin je peux apercevoir une girafe et quelques singes.
Mon problème actuel est de trouver du ravitaillement pour la soirée et la journée de demain, je suis passé devant une station service avec boutique, il y a un bon kilomètre, sans m'y arrêter et me retrouve le bec dans l'eau, le magasin Carrefour Market est fermé ou plutôt a été ouvert par une voiture bélier dans la nuit et cambriolé, donc le gérant est en train de nettoyer les premiers dégâts et il me paraît difficile de lui demander de me vendre quelques paquets de gâteaux, finalement ma quête se terminera dans un fast-food qui me préparera sandwichs, part de flan et canettes de jus de fruits pour ce soir et demain.
Maintenant que je suis paré, direction le phare de la Coubre qu'on aperçoit au loin et qui marque l'entrée de l'estuaire avec celui de Cordouan situé au large.
La piste qui longe la côte me fait passer devant une zone protégée par un grillage bâché, surmonté de fils de fer barbelés et entourée par une clôture électrique, je pense bien sûr à une installation militaire liée au phare de la Coubre, mais quelle n'est pas ma surprise lorsque j'aperçois les premiers mobil-home, cette zone protégée n'est autre qu'un village de vacances, il ne manque que les miradors aux quatre coins pour se croire dans un camp de concentration, je m'imagine bien le matin ouvrant la fenêtre de la chambre du bungalow avec la vue du grillage surmonté d'un rang de barbelés. Bon, après c'est sûr il ne se feront pas voler dans la nuit le slip de bain qui sèche sur le fil à linge, mais décidément je ne comprendrai jamais une grande partie de mes contemporains.
Au phare, je goûte une petite pluie fine qui commençait à me manquer et qui persistera une heure durant le temps d'arriver au lieu du vieux phare, je poursuis encore durant quelques kilomètres en forêt pour m'avancer sur l'étape suivante car j'aimerai être vers Brouage demain soir, hormis le trajet en bus j'ai accompli 23 km aujourd'hui, une bonne moyenne pour une randonnée redevenue agréable.
Une dernière vision de l'océan, le vent est encore trop fort pour camper là et retourne m'installer dans la pinède dans ma tente trempée que j'ai oublié de faire sécher à midi avec le vent et le soleil.
A priori ce devrait être mon dernier bivouac, en effet demain en arrivant vers Brouage, je suis dans une zone de bassins ostréicoles ou de marais dans lesquels il me sera impossible de camper, j'ai noté l'adresse de deux chambres d'hôtes à Hier-Brouage pour y passer ma dernière nuit d'aventures et transition vers le retour dans un autre monde.
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