7 avril 2014

Mon rendez-vous.

Vendredi 28 Février.

Cette journée de repos m'a permis de recharger les batteries avec quelques heures de vrai sommeil supplémentaires, deux nuits pleines et grasse matinée, ce matin encore je peux flemmarder dans mon lit, j'ai préparé mon sac à dos hier soir, départ à 9h30.


Faute d'avoir pu traverser en bateau, je suis contraint de contourner le bassin, mon train part vers 10h pour Biganos, à quelques kilomètres seulement, ½ heure d'attente pour prendre l'autocar Transgironde jusqu'à Andernos, si j'ai eu droit à une journée bien ensoleillée hier, c'est bien fini, les premières averses arrivent avant Andernos. 




Le terminus de l'autocar se fait juste en face de l'Intermarché local, disposant de 20 minutes avant de prendre le suivant j'en profite pour faire l'approvisionnement que je pensais réaliser au Cap Ferret.

Arès, Lège, Claouey, Le Piquey, Piraillan, Le Canon, l'autocar fait de multiples arrêts et ayant mes provisions, je peux descendre au rond point de l'Herbe un peu avant Cap Ferret.
Juste quelques gouttes sous le ciel bien gris, un petit kilomètre plus loin j'arrive au cimetière du Cap Ferret où je veux me recueillir.

Je ne sais pas où se trouve la tombe de Nils, mais le cimetière est petit, je prends donc la première allée à gauche, puis la suivante, dans ce cimetière en pente sur une dune.


J'arrive enfin sur cette tombe tout en haut du cimetière, je suis ému à la vue de son nom, je le suis moins sur une tombe qui m'est familière. Là c'est différent, un peu comme se recueillir sur la tombe d'un personnage célèbre, grand écrivain, peintre, musicien, aventurier, quelqu'un qu'on n'a pas rencontré, mais pour lequel on éprouve de l'admiration, enfin je le ressens ainsi, ce n'est pas un simple monument. Je ne connaissais pas Nils, ne l'ai jamais approché et là suis tout proche, avec toutefois une terrible frontière entre nous.








Je remarque une grappe de raisin, un verre, rappelant sa formation, son bonnet et bien sûr un petit vélo pour se souvenir à jamais de son odyssée d'exception, il y a aussi quelques coquillages disposés là... 

...j'en rajoute deux, ramassés le premier jour de ma randonnée, j'avais prévu d'en glaner tout au long de la côte, hélas je n'ai que peu fréquenté les plages. 
Je déposerai aussi un petit bouquet de fleurs, nous sommes le dernier jour de février, Nils nous a quitté il y a 6 mois, le dernier jour d'août.

Je reste un bon moment assis là, à lui «parler», nous avons des choses en commun et lui qui disait à propos de son aventure «tout le monde peut le faire», je sais aujourd'hui qu'il a raison, je suis parti sans être certain d'arriver au bout de ces 400 kilomètres mais maintenant je me sens capable d'en parcourir 1000 ou 2000 à pied, il n'y a pas de différence.
 
Quelles aventures aurait-il connu, où serait-il parti, c'est terriblement injuste de priver de ses rêves un garçon qui a tant à faire sur cette terre, quand d'autres ont des vies futiles, dénuées de sens.
Et puis il y a la mort et l'énigme qui l'accompagne, celle de l'au delà et de l'aventure que cela pourrait constituer pour notre esprit. Et si on pouvait se retrouver et partager...

Je quitte le cimetière avec le retour de la pluie, pour une fois elle est de circonstance.


Avant de rejoindre les pistes cyclables, je vais contempler l'océan qui gronde tout proche avec un besoin de respirer l'air du large, un besoin d'immensité et de solitude.


Le vent souffle si fort qu'avant la dernière dune je laisse mon sac à dos, qui me déséquilibre, dans le sable et poursuis jusqu'à la plage où je reste assis là quelques instants, la nature même en furie est superbe et je ressens ici encore davantage la folie de l'homme.





Il me faut reprendre mon chemin, 14 km cet après midi, jusqu'au Grand Crohot.








Lorsque j'y parviens j'essaye de trouver un coin à l'abri de la dune, pour sortir un peu des bivouacs en forêt, mais le vent est toujours aussi violent et la dune ne suffit pas pour être protégé. 



J'aperçois bien un gros blockhaus qui ferait bien mon affaire, hélas il est entouré d'un grillage, son accès est interdit compte tenu de son état de délabrement. 



Je trouve donc refuge sous les tous premiers conifères qui poussent derrière, leurs branches à ras du sol forment une bonne protection contre le vent, j'en trouve un relativement touffu et me glisse sous ses branches pour installer mon campement, la tente dans le sens du vent.






Ce soir la pluie a cessé et les prévisions météo vont vers une amélioration de courte durée, de quoi reprendre je l'espère mes promenades sur le sable. Comme chaque soir je suis couché de bonne heure, bien fatigué aujourd'hui sans avoir parcouru de nombreux kilomètres, sans doute du fait du caractère particulier que j'ai donné à cette journée.



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