17 avril 2014

C'est la fête à la grenouille.

Lundi 3 mars:

Ce matin il pleut, cette nuit il a plu, cet après midi il pleuvra.
Avec une tente bien étanche et éventuellement un peu plus spacieuse, je serai peut être resté la journée dans le duvet, mais ce n'est pas le cas même s'il ne pleut pas sur moi dans la tente, il n'en demeure pas moins vrai que la toile est mouillée et qu'une petite flaque s'est installée au plus creux du sol sous le matelas.
Heureusement mon système sacs congélation étanches fonctionne bien, tout est sec, à l'exception donc de la tente, du matelas et du sac à dos.


C'est sous la pluie que je démonte mon campement, prépare mon sac et reprend la route. Aujourd'hui je fais au plus court et plutôt que les pistes en forêt je préfère en prendre une qui longe la route quasiment déserte ce matin, lorsqu'une averse un peu plus forte arrive je m'abrite sous des arbres et poursuis ensuite, ce matin je croise un cycliste avec une petite remorque contenant sans doute du matériel de randonnée, un petit bonjour et un signe amical en passant, on se sent moins seul, une façon de se soutenir mutuellement que l'on ne ressent pas quand il fait beau. Montalivet est à    18 km d'Hourtin-Plage, je pense être ce soir entre Montalivet et Soulac et mon dernier jour en Gironde demain avant de traverser l'estuaire de la Gironde en fin de journée ou mercredi matin.

Alors que je poursuis sous une pluie battante, une voiture s'arrête à mon niveau et son conducteur me propose de m'emmener jusqu'à Montalivet, évident ! je ne vais pas refuser de faire ainsi les 6 km restant.
Je comprends rapidement pourquoi il s'est arrêté, il connait ma situation pour pratiquer lui aussi la randonnée et ce matin il va justement à Montalivet pour longer la côte jusqu'à Hourtin pour récupérer d'éventuels oiseaux victimes de la tempête, avec une association il en a déjà sauvé 29 depuis le début de l'épisode tempétueux, nettoyage, nourriture, repos, avant de les relâcher quand il fera beau.



Il me laissera à l'entrée de Montalivet à côté d'un Lidl dans lequel je fais quelques provisions, il n'est pas encore midi mais je profite toutefois d'un abribus pour déjeuner tranquillement. 



Montalivet est désert, pour rattraper les pistes cyclables au nord, on doit emprunter durant 2 km environ la route du front de mer, le vent souffle si fort dans la rue qui y mène que j'ai du mal à avancer, je profite d'une petite pause pour prendre une photo de cabanes avec un promeneur bravant la tempête et repars péniblement sur la route étant par moment déséquilibré avec les rafales dans le sac à dos.

Je n'ai pas fait 50 mètres que le promeneur aperçu il y a quelques minutes et qui a repris son véhicule, arrête son 4x4 à ma hauteur et me propose de me déposer un peu plus loin sur la route. Lui aussi randonneur à l'occasion, il fera même un petit détour pour me rapprocher de Soulac, me déposant à un carrefour à 6 km de la ville, encore 11 km de gagnés, çà peut paraître peu mais dans la vie d'un randonneur c'est plus d'une demi journée, il doit être 13 h environ et je réalise qu'en pressant le pas je peux être à la Pointe de Grave à 17 km en fin d'après midi et effectuer la traversée ce soir avec en récompense de beaux draps dans un vrai lit à Royan.



La pluie n'ayant pas cessé, je ne perds pas de temps à regarder le paysage, ni à prendre quelques photos, et traverse Soulac une heure et demi plus tard, les rues sont désertes j'ai l'impression d'être dans une ville fantôme si ce n'est le croisement d'une voiture de temps en temps, dont l'une prend un malin plaisir en m'arrosant copieusement avec une superbe gerbe d'eau, mes vêtements étanches me protègent bien mais je reçois l'équivalent d'un seau d'eau en pleine figure, juste le temps de me retourner pour lancer un doigt d'honneur à ce connard de conducteur, un second qui ralentira à peine ne me mouillant que jusqu'à la ceinture, m'incite à délaisser le trottoir pour marcher dans la rue au plus près de l'eau qui coule dans le caniveau. Les automobilistes auront ainsi le choix de m'écraser ou de m'éviter, ce qu'ils feront tous, certains avec un coup de klaxon auquel je répondrai par un doigt d'honneur, en distribuant ainsi six dans la traversée de Soulac.

Encore 6 km pour parvenir au Verdon, traversé par les rues plutôt que de longer la route qui mène directement à l'embarcadère de la Pointe de Grave et qui m'obligerait de marcher dans l'herbe détrempée à chaque passage de véhicule.

La fatigue commence à se faire sentir, il reste encore 5 km pour être à l'embarcadère, j'en ai déjà plus de 25 dans les jambes. Lorsque j'arrive enfin à la Pointe de Grave, heureux de voir le bac à quai, c'est pour apprendre que le service est interrompu en raison de la tempête qui lève une grosse houle en travers de la Gironde à marée montante, prochain départ dans la matinée suivante à marée basse.
Je n'ai plus qu'à repartir, faire 2 ou 3 km supplémentaires dont je me serai bien passé, afin de trouver un coin tranquille pour la nuit.

Des véhicules arrivent régulièrement au bac et repartent aussitôt, naïvement je pense qu'il y aura une âme charitable pour prendre un randonneur en stop et commence à lever le pouce.
J'aurai sans doute obtenu un meilleur résultat sous le soleil, mais avec la pluie et la grêle qui s'est invitée par moment, mes chances sont nulles, je risque de mouiller les sièges !
Quelques petits conseils pour ceux qui veulent faire du stop, ne levez pas le pouce n'importe quand, vos chances d'être pris sont inversement proportionnelles à la classe de la voiture, avec une bagnole pourrie c'est presque gagné d'avance, avec un utilitaire il y a de fortes chances, ensuite çà diminue progressivement et devant une berline ne levez pas le pouce, c'est de la fatigue pour rien. Je n'oublie pas que parfois je suis aussi automobiliste, il m'arrive de prendre des autostoppeurs, pas systématiquement mais de temps en temps, je pense le faire davantage maintenant, par contre ami conducteur, si tu tombes en panne sur ma route ne compte pas sur moi, je te ferais un petit signe de la main pour te faire comprendre que tu peux marcher, à moins que ta voiture soit une poubelle, une petite leçon peut être utile parfois et je te permet même de me traiter de sale c..
Je trouve enfin un coin dans la forêt, pas trop loin de l'embarcadère, pas très discret mais peu importe avec ce temps il n'y a pas un chat dehors.



Aujourd'hui j'ai marché sur presque 35 km, je suis lessivé, dans tous les sens du mot. Un petit appel à la météo pour me remonter le moral, il fera beau... une partie de la journée, avec juste de courtes averses possible avant le retour d'un vaste anticyclone apportant un grand beau temps pour plusieurs jours, c'est formidable … dans 3 jours, j'ai fini !






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