Jeudi 6 mars.
Réveil dans un lit pour ce dernier jour de randonnée, à la fois content d'être arrivé au bout et déjà nostalgique des journées passées.
Après un bon et copieux petit déjeuner, je quitte la chambre d'hôtes, direction Brouage, charmante bourgade au prestigieux passé historique. Je connais cet ancien port mais ne suis pas mécontent d'y revenir pour une nouvelle visite rapide.
Si aujourd'hui Brouage ne compte que quelques centaines d'habitants (150 intra-muros) autrefois ce fut un port important.
Dès l'entrée par la porte imposante, vous êtes informé « Voyageur, arrête toi ici car le sol que tu foules et l'air que tu respires sont imprégnés de gloire et de grandeur passées. »
Port à vocation commerciale dès le XIVe siècle, le commerce du sel de Brouage avait une dimension internationale et faisait vivre tout un peuple, sauniers, mariniers, pêcheurs de morue, jusqu'à 200 bateaux pouvaient venir mouiller au port.
A la fin du XVIe siècle, Brouage devint un port de guerre important, sous Louis XIII, le gouverneur était Richelieu, la ville comptait 4000 habitants (La Rochelle 20000 habitants à l'époque).
Ce qui constitue aujourd'hui des étendues d'espaces verts était occupé à cette époque par des grands bâtiments pour recevoir la troupe, on le voit sur la maquette de la cité au XVIIè siècle, toute la cité était quadrillée de rues disparues depuis.
La garnison comptait 600 hommes en temps de paix et la place était conçu pour en recevoir près de 5000 en temps de guerre. Les graffitis sur les murs témoignent de leur présence, certains ont gravé leurs noms pour la postérité, tel ce Guillaume Inger, ce nom étant plutôt rare je l'ai noté, alors était ce Guillaume Inger originaire du Loiret né en 1612 ?
Mazarin, devenu gouverneur, y exila sa nièce, Marie Mancini, courtisée par le jeune Louis XIV, une plaque rappelle cette idylle royale.
La ville fut modernisée par Vauban pour prendre sa forme actuelle.
La ville fut modernisée par Vauban pour prendre sa forme actuelle.
Toutefois en raison de la baisse du niveau de la mer et à défaut d'une rivière drainante, l'horizon maritime s'éloigna pour laisser place à une étendue de marais, l'ascension de la ville de Rochefort voisine plongea Brouage dans l'oubli.
A la révolution, Brouage devint un centre de rétention pour des centaines de suspects ou prêtres réfractaires.
Enfin c'est à Brouage que naquit Samuel De Champlain, explorateur et cartographe, fondateur de Québec.
A la sortie de Brouage, j'emprunte le GR4 qui suit une petite route à travers les marais.
A peine sorti des remparts de la cité, j'aperçois les premiers oiseaux qui nichent ici, quelques canards colverts et d'autres qui sillonnent le ciel.
Aujourd'hui j'ai tout mon temps avec une distance à parcourir de 17 km environ, je vais en profiter pour essayer de prendre en photos quelques uns de ces oiseaux, même si je ne dispose pas d'un télé objectif très important, ni d'un pied pour éviter les mouvements de l'appareil.
Les canards ne sont pas les plus faciles à prendre en vol et les autres sont difficiles à approcher, les plus nombreux ici sont les cygnes sur les différents canaux, par contre je suis surpris de ne voir que très peu de hérons alors que j'en avais vu un tout près de Hier... hier.
Après quelques kilomètres, dans un champ a été installé un nichoir pour cigognes, et celui ci est occupé par un nid et une cigogne, je m'approche pour prendre une photo pensant que je n'aurai peut être pas la chance d'en revoir une autre plus loin.
Passé quelques écluses, je délaisse la petite route pour suivre le canal dit de la Bridoire bordé de nombreux arbres, et là j'ai une énorme surprise, un arbre sur trois environ accueille un nid de cigogne et pratiquement tous les nids sont occupés par une cigogne ou un couple.
Ces oiseaux magnifiques se trouvent à 5 mètres seulement au dessus de moi, pas farouches ils me laissent les observer tranquillement, j'ai même droit parfois à l'envol de l'une d'elle qui revient avec de quoi nourrir les petits cigogneaux que je ne peux apercevoir.
J'ai bien dû rester là une heure, en profitant pour le dernier pique-nique sous le regard des cigognes.
Je quitte le canal au niveau de la route de Rochefort à Saintes pour suivre la petite départementale bien calme de St Aignant à Echillais, bientôt apparaît au loin le pont transbordeur du Martrou, point final de ma randonnée.
Bien qu'ayant vécu près d'ici, je ne suis jamais venu voir ce pont transbordeur seulement aperçu de loin. Autrefois c'était le point de franchissement de la Charente au sud de Rochefort, puis un pont levant l'a remplacé durant plusieurs années, mais avec l'accroissement de la circulation ce pont créait des bouchons à chaque passage d'un bateau.
Aujourd'hui c'est un pont plus long et haut qui enjambe le fleuve, tous les bateaux pouvant passer en dessous à l'exception de l'Hermione, la reproduction du navire de Lafayette reconstruite à la Corderie royale.
Le pont transbordeur fonctionne encore pour les touristes piétons qui traversent ainsi dans la nacelle au dessus de l'eau du fleuve.
J'ai donné rendez vous à 17h, à mes amis, Catherine et Jackie, que je retrouve avec plaisir après ces 390 kilomètres de randonnée, content d'être parvenu au bout de ce défi.
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